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Dans la capitale allemande, des habitants ont adopté des modes de vie alternatif, en particulier en matière de logement. Berlin a connu plusieurs moments de liberté presque absolue dans son histoire récente, à Berlin-Ouest quand le mur entourait la ville, ou après sa chute, quand la RDA vivait ses derniers mois. Dans les deux cas, ces périodes se sont caractérisées par le départ d’habitants qui ont laissé leurs logements vides, et la création de squats dans ces immeubles abandonnés. Bien entendu la plupart de ces occupations illégales des années 70 à 90 ont soit été régularisées, soit évacuées. Mais il reste dans la ville cet esprit et cette possibilité de vivre différemment, que ce soit dans une communauté, une tiny house, un tipi ou encore une caravane.

Table des matières

Micro maison contre gentrification

Des micro-maisons à Berlin

Si vous vous plaignez de votre appart parisien de 9 m², sachez qu’à Berlin on a encore mieux : la maison de 6 m² ! Il est facile de passer à coté d’elle sans la remarquer cette maisonnette sur remorque. Elle se situe actuellement à Kreuzberg dans la Carl-Herz-Ufer, à l’angle avec le pont de la Prinzessinenstr.

Rangée le long du Landwehrkanal, les habitants de cette maison doivent jouir d’une jolie vue du haut de leur chambre qui, tel un nid, est placée sur le toit de la pièce principale. On y accède donc par une échelle extérieure. En bas la pièce permet d’accueillir 4 adultes debout et tous les rangements et aménagements sont astucieusement pensés. Le gros avantage de cette maison ? Passer l’aspirateur ne prend qu’une minute chrono ! Mais surtout on peut déménager autant qu’on le souhaite, changer de quartier, de ville, de pays… une sorte de caravane d’architecte !

La Unreal Estate House est le projet de l’architecte berlinois, Van Bo Le-Mentzel, aussi rappeur/animateur de radio/très engagé politiquement, notamment contre la gentrification. Son objectif est d’apporter une solution intelligente au manque de logements et de dénoncer les hausses de loyer dans la ville, symptôme le plus visible de la gentrification. A terme il sera possible de télécharger les plans de construction pour ériger sa propre maisonnette. Van Bo avait auparavant construit une maison d’un mètre carré et un ensemble de mobilier à créer soi-même à moindre coût. Il est possible d’accéder à tous les plans de construction réunis dans l’ouvrage « Hartz Vier Möbel« .
Van Bo a déjà présenté sa nouvelle maison à Munich et devrait continuer de construire de nouvelles Unreal Estate House un peu partout en Allemagne pour faire connaître son projet astucieux.

Vous pouvez aller voir la micro maison au bord du Landwehrkanal. Si les habitants actuels sont là vous pourrez la visiter. Sinon il parait que vous pouvez demander les clés au gérant du bar en face. Pour suivre les tribulations de la Unreal Estate House, connaître son emplacement et même demander à pouvoir l’habiter vous avez les infos ici.

Actu : la micro maison est partie !!

Stand up au Teepee Land

Le Teepee Land insolite de Berlin
Photo : Teepee Land

Connaissez-vous ce village de hippies modernes ? Depuis 2012, des gens de toutes nationalités se sont installés au bord de la Spree, à coté de la Eis Fabrik. Au fur et à mesure le village a grandi et s’est organisé. Aujourd’hui c’est une vraie communauté alternative, l’une des rares qui subsistent encore au centre de Berlin.

Tous les dimanche, si le temps le permet, Teepee Land nous invite à finir le week-end en éclats de rire. Des artistes de stand up se produisent sur la scène ouverte au centre du village. Je m’y suis rendue avec une amie suisse. L’accès est un peu difficile à trouver quand on ne connaît pas. A partir du Schillingbrucke il faut longer la berge en face du Radial System. Des badauds font cuire leurs saucisses à l’entrée. Nous nous frayons ensuite un chemin à travers la petite jingle dans laquelle se cache Teepee Land. Je vous conseille de vous munir de chaussures fermées au cas où vous marcheriez sur un rat car vous n’êtes pas à l’abri de ce genre d’aventures ici ! Arrivées dans le village, une jeune femme sautillante et coquette nous accueille en anglais. Elle reconnaît tout de suite notre accent et enchaîne dans un français parfait. C’est une Libanaise installée à Berlin qui fait partie de l’organisation du spectacle bien qu’elle-même n’habite pas à Teepee Land. C’est tout l’intérêt de ce genre de lieu ouvert sur l’extérieur. Vous êtes les bienvenus même si vous habitez dans un appartement et que vous avez un travail. Notre hôte nous explique le programme et nous invite à nous rassasier auprès du barbecue tenu par les squatteurs. Il n’y a pas de prix fixe, c’est le système de Spende (vous donnez ce que vous voulez/pouvez) qui domine. Il en est de même pour les artistes du spectacle qui font passer un chapeau à la fin.

C’est l’entracte , un chanteur fou anime la scène avant que les comédiens remontent sur scène. Un par un ils se saisissent du micro et nous racontent leurs histoires. L’humour universel doit exister car, bien qu’ils viennent des quatre coins du monde, ils font rire toute l’assistance elle-même très multikulti et diversifiée : étudiants, punks, touristes perdus…

Pour avoir déjà assister à du stand-up, je suis impressionnée par le niveau de ceux qui passent sur scène. D’ailleurs qui le souhaite peut venir faire son show, mais personne ne semble prêt à se jeter à l’eau.

Le succès est au rendez-vous, les spectateurs sont aux anges et rient à gorges déployées. Les artistes sont applaudis avec force. La nuit est tombée et nous sommes invités à assister à la projection d’un film. La programmation change toutes les semaines, les cinéphiles sont avertis.

Pour connaître les prochains événements suivez la page Facebook de Teepee Land !

Systemfehler, un magasin gratuit

Systemfehler, un magasin gratuit

Systemfehler ça veut dire « erreur du système » et c’est le nom d’un magasin berlinois à Friedrichshain. C’est une boutique gratuite donc effectivement d’un point de vue capitalistique c’est une erreur ! Mais à Berlin c’est presque naturel d’entrer dans un magasin, d’y prendre ce qui nous fait plaisir et d’en ressortir sans payer.

Le Systemfehler est un Geschenkladen ce qui signifie magasin de cadeaux. On y apporte les objets en bon état dont on a pas ou plus besoin et qui feront le bonheur des autres. Il y a donc de tout, des vêtements pour femmes, hommes, enfants, bébés, un canapé, une machine à écrire, des livres en pagaille (dont un bouquin en français qui porte sur les tests psychologiques en entretien d’embauche, c’est toujours pratique !), de la vaisselle, des jeux de société, des morceaux d’ordinateur… Chacun est autorisé à prendre 5 objets au maximum.

Le Systemfehler est aussi un lieu de rencontres, que ce soit dans le petit café attenant, sur le panneau des petites annonces où chacun cherche son chat, lors de la soirée méditation du dimanche, dans le cadre du cercle des dessinateurs amateurs ou pendant une rencontre machine à écrire où l’on parle et lit ses bouquins favoris. Et comme c’est le voisin du Supamolly on peut enchaîner avec un concert le week-end !

Systemfehler
Jessnerstr. 41
10247 Berlin

D’autres magasins cadeaux (Geschenkladen) ou magasins pour rien (Umsonstladen) existent à Berlin. Attention ils ne sont pas ouverts tous les jours, renseignez-vous avant de vous y rendre.

ULA à la Technischer Universität
TU Bätiment HFT 023a + b
Einsteinufer 25

ULK UmsonstLadenKreuzkirche
Zeppelinstr. 11

Umsonstladen Weissensee
Kubiz Wallenberg
Bernkastellerstr. 78

Leila Leihladen
Fehrbellinerstr. 92

Foodsharing

Crédit photo : Foodsharing.de

J’ai rencontré L. à l’occasion de l’un des tests de mes itinéraires. Installée à Berlin depuis seulement quelques mois elle semblait pourtant avoir déjà un grand nombre d’amis. Quand je lui demandai comment elle avait fait autant de connaissances en si peu de temps elle me parla de Foodsharing. Kesako ?

Le foodsharing est une organisation qui propose à ceux qui le souhaitent de partager leur nourriture. Que vous soyez un particulier, un boulanger ou un gérant de supermarché, vous êtes amené à jeter de la nourriture pourtant encore consommable. Mais faute de bouches à nourrire c’est à la poubelle que finissent les invendus, les restes de la WG party, les yaourts que vous n’avez pas eu le temps de manger avant de partir en vacances etc. Pour éviter ce gaspillage on peut s’inscrire sur la plateforme foodsharing.de et proposer les produits que l’on ne mangera pas mais qui sont encore consommables.

A l’inverse, si récupérer les aliments de d’autres personnes ne vous gène pas, si vous avez envie de manger gratuitement et si vous avez le temps de vous rendre chez les divers contributeurs qui offrent des aliments pour les récupérer, vous pouvez aussi vous inscrire sur le site. Vous récupérez 10 kilos de pommes de terre auprès d’un supermarché participant ? Vous pouvez en garder par exemple un kilo pour vous et proposer les autres sur foodsharing.de.

Le site propose aussi de mettre en relation les membres de l’organisation qui ont envie de cuisiner ensemble. Les différentes annonces de dons de nourriture sont classées par quartier donc pas besoin de traverser Berlin pour récupérer un sachet de farine. Et idéal pour se faire plein d’amis dans son Kiez. A force de passer chez Untel pour s’approvisionner en fruits et chez Untelle pour cuisiner ensemble, on finit par créer des liens.

Habiter dans une roulotte berlinoise

Les quartiers de roulottes à Berlin

Un jour que je me promenais le long du Landwehrkanal j’ai découvert un camp de caravanes et de roulottes. Non ce n’est pas un camping estival mais une sorte de squat en plein air où vivent une vingtaine de personnes qui ont décidé de vivre dans leur roulotte. L’histoire de ce lieu a démarré quelques mois après la chute du mur. Deux personnes ont déposé leur baluchon sur un terrain autrefois no man’s land car le mur y passait. Ils ont commencé à aménager l’espace mais ont dû déménager quelques mois plus tard. Ils se sont définitivement installés le long du canal sur la rive opposée au Görlitzer Park. Là ils ont enfin pu accomplir leurs rêves de nature, d’autosuffisance, de vie en communauté et de liberté. Ils ont nettoyé le terrain, planté des arbres, aménagé des espaces communs : bar, salle de spectacle, salle d’exposition, toilettes sèches, aire de jeux pour les enfants, jardins potagers, enclos pour les tortues, garde-manger sous terrain …
Profitez des goûters et des évènements régulièrement organisés pour découvrir ce lieu hors de la ville qui a pris le nom de Lohmüle Wagenplatze.

En faisant des recherches, j’ai découvert qu’il y avait encore plusieurs autres Wagenplatze à Berlin. Je suis allée faire un tour à celui de Schwarzer Kanal, un camp de caravanes Quear. Il était situé auparavant près du Schilling Brücke et existe depuis 21 ans, mais, pression immobilière oblige, ils a été obligé de déménager un peu au milieu de nulle part, mais toujours à proximité de l’eau et dans la forêt. Le camp de roulottes est encore plus grand que celui de Lohmüle mais il a l’air moins ouvert au public bien qu’il y ait aussi une scène. Cétait un jour de pluie et je n’ai pas croisé grand monde à part une jeune femme qui m’a fait un grand sourire. J’y retournerai cet été quand des fêtes et des Volksküche y seront organisées.

Autre Wagenplatze, celui de la Mariannenplatz. C’est en fait une extension du Georg von Rauch, le plus vieux squat de Berlin. En 1971 des jeunes ont investit l’ancienne aile des infirmières de la Bethanienhaus, un vieil hôpital menacé de destruction. Plein d’idéaux et de projets communs ils ont nommé leur squat Georg von Rauch à la mémoire d’un jeune activiste de la gauche radicale qui avait été tué quelques jours auparavant. Ateliers, meeting, lectures, arts, culture, philosophe… ont survécu à travers les années et le bâtiment des infirmières est toujours occupé par des jeunes tandis que la batisse principale est devenue un lieu multi-activité qui accueille ateliers d’artistes, cours de théâtre pour les enfants, restaurant, salle d’exposition, locaux pour les réunions des association, et depuis 2001, un nouveau squat appelé New Yorck 59.
J’ai passé une soirée au George von Rausch. J’y ai fait la connaissance de Yann, un Polonais qui jongle avec le feu. Pendant que l’on regardait un épisode de Star Trek en attendant que le repas soit servis, il m’a raconté qu’il attendant qu’une place se libère pour passer l’hiver dans l’une des caravanes attenantes. 10 euros pas mois pour les charges telles que l’eau… voilà son loyer. Si vous n’êtes pas frileux et que vous cherchez la meilleure opportunité immobilière du moment, c’est peut être là qu’il faut chercher.

L’université berlinoise des Tiny House

Les Tiny House à Berlin

Cette idée de petite maison (Tiny House) prend de l’ampleur avec l’installation d’un campus dédié aux habitats alternatifs sur le terrain du musée du Bauhaus à Berlin de mars 2017 à mars 2018. Une douzaine de micro maisons se sont installées afin de promouvoir de nouvelles manières de vivre, réfléchir au concept d’habitat et d’espace et tester ces idées en matière d’architecture.

Tous les lundis une visite guidée en allemand (avec quelques traductions en anglais) est organisée gratuitement. Vous pouvez apporter des vivres qui seront utilisés lors du repas organisé tous les mercredis en coopération avec l’association Foodsharing et ouvert à tous.

Ces visites sont menées par l’un ou l’autre des fondateurs de ce campus pas comme les autres : Van Bo Le-Mentzel, le curateur du projet, Oliver Pritzkow, chargé des relations publiques et animateur des workshops ou Apo Ercek, professeur de théâtre et dramaturge.

En introduction sont expliqués les objectifs de ce campus : réfléchir aux nouvelles manières de vivre, notamment dans des villes frappées par la gentrification et dans des pays dits développés mais où vivent de plus en plus de gens avec de faibles revenus et qui accueillent dernièrement des millions de réfugiés. Quelles solutions face au nombre restreint de logement, aux espaces naturels détruits pour des besoins de construction ? Les thèmes de la mobilité urbaine et du travail sont aussi en discussion.

On découvre plusieurs Tiny House habitées, chacune dédiée à un projet ou à une idée particulière.

Les maisons 35 Kubikheimat (35 mètres cubes) et AVOID s’attachent à créer des aménagements modulables et s’interrogent sur nos besoins en mobilier.

La maison New Work Studio se concentre sur les nouvelles manières de travailler et d’aménagement de bureaux tandis que la Holy Food House lutte contre le gaspillage alimentaire.

Le café Grundeinkommen (revenu de base) situé lui aussi dans une Tiny House réfléchit aux thèmes de revenu de base universel et aux monnaies digitales. La 100 euro Tiny House est un modèle de micro maison dont le loyer serait de 100 euros mensuels. La question du nombre minimum de mètres carrés nécessaires pour bien vivre est fondamentale. Cette maison fait 6,4 mètres carrés au sol et comprend un étage supplémentaire de 4 mètres carrés. Suffisant pour une personne ? Si la famille s’agrandit on peut alors faire communiquer deux 100 euros Tiny House afin d’avoir suffisamment d’espace. C’est un projet assez concret, la prochaine étape étant la création d’un village de micro maisons qui comprendrait des maisons communes (maison cuisine, maison détente, maison coworking…).

L’art n’est bien entendu pas en reste et une artiste est en train de construite sa micro maison pour accueillir… un micro musée. Quant à la House of Rights, elle a été conçue avec les élèves d’une école qui ont retranscrits sur les murs les premiers articles de la déclaration des droits de l’Homme.

Les Tiny House ne sont peut être pas encore une solution d’habitat, il reste de nombreux problèmes techniques à régler, notamment au niveau de l’eau. Mais ce campus temporaire est l’occasion d’une réflexion poussée sur notre manière de vivre.

Je vous recommande donc cette visite passionnante, tant pour les amateurs d’architecture et de design, que pour ceux qui s’intéressent au recyclage, à l’écologie et aux questions sociales actuelles. Suivez la page Facebook du campus pour vous tenir informés des repas organisés, ainsi que des ateliers de design qui ont lieu le jeudi.

Découvrez également ce mouvement qui sauve la nourriture, le jardin communautaire Prinzessinengarten et ces conseils quand vous arrivez à Berlin.

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