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Rencontres avec des artistes francophones qui se sont installés à Berlin pour développer leur passion et leur travail créatif. En tant que Berlinois d’adoption, ils nous partagent leurs bonnes adresses dans la capitale.

Alain, cofondateur du label Deep Square

J’ai découvert l’univers musical d’Alain lors d’un open air qu’il a organisé cet été avec son label Deep Square. Un vrai open air berlinois avec la participation d’une vingtaine de Djs, dans une clairière décorée avec soin, perdu au milieu des bois, avec au loin un bout d’autoroute comme dernier signe de la civilisation.

Eté comme hiver, en club comme en open air, Alain, Jonathan et Emmanuel, les cofondateurs du label Deep Square, font danser les Berlinois et produisent la musique qu’ils aiment. Difficile à définir, c’est certainement de la house, parfois deep, parfois groovy parfois techno, toujours envoûtante et dansante. Faites un tour sur leur chaine Youtube pour vous faire une idée.

Cette musique House, c’est à Paris, notamment au Rex, qu’Alain s’y initie. Mais deux week-end à Berlin suffisent à le convaincre que le label Deep Square, qu’il va fonder avec Jonathan et Emmanuel, doit naître dans la capitale allemande. Parce que Berlin a une véritable culture et histoire de la nuit, que ses clubs tolérants sont des carrefours culturels…

Nourri de l’ambiance familiale du clubbing berlinois, Deep Square est créé en 2012. Jonathan s’occupe de l’event management, Emmanuel du management d’artistes, Alain est le directeur artistique et s’occupe des booking. Comme ses comparses il est DJ mais pour le moment il préfère porter les artistes qu’il découvre plutôt que de présenter ses propres créations. Le label comprend 7 Djs mais n’hésite pas à multiplier les collaborations, notamment pour ses EP. Le prochain sortira fin décembre 2016. Baptisé Square Box Volume 2 (vous pouvez le découvrir ici), il fait suite au premier Square Box édité il y a 2 ans qui réunissait 8 artistes et que vous pouvez écouter ici.

Deep Square c’est aussi des soirées régulièrement organisées au Ipse ou au milieu des bois l’été, et au Farbfernseher toute l’année. Ce club, c’est le deuxième salon d’Alain. On y rencontre les habitués, on y revoit ses amis et on y jouit de son ambiance familiale. Depuis 3 ans Deep Square y a sa résidence. Mais l’objectif n’est pas de se confiner à la nuit berlinoise. Les artistes de Deep Square vont jouer dans les clubs européens, en Suisse, en Pologne, en Italie, en Roumanie, dans les Balkans… et des projets de soirée en Asie se profilent.

Pour Alain, Berlin est avant tout une ville inspirante à l’ambiance unique. Le plaisir de sortir est réel et authentique. C’est pour sa nuit et sa musique qu’il est venu… et qu’il est resté. Il n’est pas naïf et considère que la vie quotidienne berlinoise est plus difficile qu’on pourrait l’imaginer avec ces boulots mal payés, ses loyers qui augmentent et ses logements de plus en plus rares. Mais Alain a ses projets musicaux bien ancrés qui le lieront à Berlin pendant encore un bon moment.

Suivez les soirées et événements de Deep Square Records sur leur page Facebook.

Quand il sort, Alain a besoin de musique et donc plutôt amateur des bars club. En la matière le Farbfernseher est évidemment son préféré. Quant aux clubs, il cite le Club der Visionnäre et l’Hoppetosse pour leur sélection d’artistes, le Panorama Bar pour son ambiance et sa line up, le Berghain pour ses pouvoirs magiques indéscriptibles.

Le restaurant où il peut aller manger à toute heure ? L’Imren.
Mais l’amoureux de la nuit aime aussi la nature. L’un de ses parcs favoris est le Viktoriapark, où l’on s’étend au bord de la cascade l’été, où l’on fait de la luge quand il neige. L’un de ses restaurants préférés, le Piu39, se trouve juste en bas de la cascade.
Pour acheter des vinyls, le Space Hall qui propose une sélection intéressante par label, notamment en minimal house. C’est aussi un amateur des vinyl market organisés tous les deux mois par les magasins de vinyl et à l’Urban Spree.

Marjorie, illustratrice berlinoise

Interview réalisée par Mounir.

Je connais Marjorie Monnet depuis quelques années, nous sommes de facto ex-collègues de travail dans une de ces fameuses start-ups berlinoises. Marjorie est avant tout une jeune dessinatrice de talent, je suis ses dessins pleins d’humour et d’esprit au trait élégant sur les réseaux sociaux depuis un bout de temps. Je décide donc de la rencontrer pour en apprendre plus sur son parcours. Nous nous retrouvons dans un petit café sur la Emser Strasse. Nous sommes tout les deux enrhumés, l’hiver approchant à grand pas, mais contents de se retrouver pour bavarder autour d’un petit frühstück.

Qui est tu, d’où viens-tu ?

Je suis lyonnaise d’origine et je vis a Berlin depuis Juin 2011. J’y suis venue par défaut car je voulais m’installer à Portland à l’époque, qui avait l’air d’être une ville très cool. Puis j’ai fêté un Jour de l’an à Berlin en 2011 et je m’y suis sentie ici immédiatement chez moi, Ça ne s’est pas démenti depuis. Je vis une histoire d’amour/haine avec cette ville totalement addictive.

J’ai étudié à l’école Emile Kohl a Lyon dans laquelle j’ai appris à tout dessiner de façon technique. Par la suite, j’ai travaillé comme dessinatrice dans la pub, le théâtre, l’humanitaire et le médical. Bosser sur mes propres projets s’est réellement concrétisé il y a peu, et quelque part, c’est Berlin qui m’a poussée vers cette liberté de création.

Peux-tu nous présenter succinctement ton travail actuel ?

Il y a donc plusieurs projets qui se chevauchent :
Un projet qui est né de la rupture amoureuse d’avec l’homme qui partageait ma vie depuis 6 ans, un projet d’illustration comique et sordide à la fois autour de la défaite amoureuse qui sera édité en France très bientôt. Il est pour l’instant nommé « Cœurs Brisés », titre plutôt bateau tu en conviens mais très pertinent en l’occurrence.

Ce projet est-il lié à Berlin quelque part ?

Totalement. Ce projet est entièrement basé sur ma vie ici à Berlin parce qu’avoir une vie sentimentale saine ici n’est vraiment pas aisé. Les expériences de mes amies sont similaires et parfois très drôles. Mais pour résumer ce projet, je l’ai commencé pour illustrer ma défaite amoureuse dans un but cathartique. Toutes les situations qui y sont dessinées sont inspirées de ma vie ou d’histoires entendues dans mon entourage plus ou mois proche. Rien de triste au final, c’est plutôt tragi-comique.

Peux-tu nous parler aussi de ton projet mélangeant tes personnages et photographies d’époques ?

C’est un projet en cours d’élaboration (Summertime in Germany) qui m’est venu d’un livre de photos que j’ai trouvé en déambulant dans les rues. C’est un bouquin de photos assez moches et impersonnelles de la ville d’Hanovre. J’ai tout de suite pensé que c’était le cadre idéal pour mettre en scène des personnages qui se rencontrent, s’aiment et se « désaiment » comme des adolescents.

Du coup c’est vrai que ces photos prennent un sens nouveau avec tes dessins.

Oui mais je n’ai jamais eu de réelles intentions commerciales avec ce projet là. Il est né instinctivement du feuilletage de ce livre et de la torpeur estivale. Sans aucune arrière-pensée.

Peux-tu aussi nous parler de ta BD dans l’ouvrage Comic Culture Clash ? Comment t’est tu retrouvée la dedans ?

C’est le collectif Moga Mobo qui m’a contactée à travers les réseaux sociaux. Ils aimaient bien mes dessins sur Facebook et m’ont contactée pour participer à une BD collective sur une vingtaine de conflits à travers le monde. Le thème est imposé et a pour point de départ lesattentats du 13 novembre dernier, et s’intitule « Liberale Franzosen VS Front National ». Cette dichotomie, d’un point de vue français, est étrange et assez perturbante.
L’image de départ de ma BD se devait d’émaner du film « La Haine » (en l’occurrence un plan des tours de la cité, démolie depuis). Je me suis basée sur ces cadres assez clichés pour justement créer des personnages très identifiables politiquement et socialement qui vont se révéler au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue. J’ai destiné cette bande-dessinée au public allemand, afin de leur montrer la psychose française actuelle.

Quelles sont tes influences, graphiques ou autres ? Et quels sont tes auteurs préférés ?

J’ai une culture bd franco-belge comme beaucoup de gens mais je suis aussi très influencée par la bande-dessinée indépendante américaine.
En ce moment, j’adore le travail d’une dessinatrice allemande, Anna Haifisch.
Je suis aussi une grande fan aussi de Ted Stearn et sa BD Fuzz & Pluck et Kaz et sa série Underworld.
Je suis aussi et presque avant tout influencée par la peinture, l’expressionnisme allemand et l’art et la photo contemporaine.

Pour finir quels sont tes 10 lieux favoris à Berlin ?

Je vis à Neukölln ce qui est assez déterminant dans mes choix de sorties, je ne te le cache pas :
En termes de clubs, je dirais le Griessmuhle dans lequel j’ai passé des soirées mémorables.
En ce qui concerne les bars, je recommande chaudement le café Futuro sur la Pannierstrasse et le Du Beast sur la Innstrasse.
Pour ce qui est des fringues, Un Autre Voodoo (fermé définitivement) sur la Weserstrasse (ou j’expose actuellement « Summertime in Germany ») et TK-Maxx, ma mecque du shopping (sachant que je déteste le shopping)
Pour les amateurs de poissons, l’exceptionnel Fischfabrik à Prenzlauer Berg sur la Danziger Strasse.
Pour siroter du très bon vin, le Jaja sur la Weichselstrasse.
En tant que Neuköllnoise, je ne peux omettre le resto turc qui te sauve la vie à 6h du matin en rentrant de soirée, et je dirais le Imren au 75 de la Karl-Marx-Strasse.
Impossible non plus de ne pas citer des lieux emblématiques tels que le musée d’art contemporain le Hamburger Bahnof et la KW Galerie à Mitte.
Die Gute Seite (Richardplatz) et Modern Graphics (Oranienstrasse) sont mes librairies préférées.

Un mot de la fin ?

Mon rêve absolu est de bosser pour Cartoons Networks alors si jamais quelqu’un bossant là-bas me lit, sachez que je suis dispo. Vous pouvez passer par www.marjoriemonnet.com pour tout ce qui est détails. Merci d’avance.

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