You are currently viewing Le tour du mur de Berlin – Jour 2

Ce matin-là je reprends le S-Bahn jusqu’à la station Mexico Platz afin de retrouver l’itinéraire du mur de Berlin en vélo à l’endroit où j’avais perdu sa trace la dernière fois. Je suis accompagnée de mon amie F. pour cette journée sportive et historique.

J’avais toujours voulu m’arrêter à cette station au nom exotique pensant rêveusement que l’arrêt Mexico Platz me transporterait dans un décor Sud-Américain. Ce n’est évidemment pas le cas. Nous sommes dans un quartier résidentiel sans charme apparent qui abrite l’amusant musée médiéval Düppel et nous mène vers le mur de Berlin.

Au bout de quelques kilomètres sur une grande route nous retrouvons la forêt et une grande allée, le Königsweg. C’est là que j’avais arrêté mon périple la dernière fois, fatiguée et sans avoir vu les panneaux « Berliner Mauerweg » indiquant l’ancien passage du mur de Berlin. De fait ils sont rares et seulement visibles aux embranchements.
Nous suivons donc cette voie forestière qui enjambe l’autoroute. Du pont nous apercevons l’ancien point de contrôle de Drewitz-Dreilinden aussi appelé Checkpoint Bravo. C’est ici que se trouvait le poste frontière par lequel les Berlinois de l’Ouest devaient passer pour emprunter la seule autoroute qui reliait Berlin Ouest à l’Allemagne de l’Ouest en passant sur le territoire de RDA. Les longues files d’attente d’automobilistes attendant de passer le mur de Berlin étaient fréquentes, en particulier à l’époque des vacances.

Checkpoint Bravo du mur de Berlin

ancien checkpoint du mur de Berlin

Non loin du pont une autre curiosité attire notre attention. Il s’agit d’une souffleuse à neige rose grandeur nature montée sur un piédestal. De loin on a l’impression que c’est un tank rose. De fait, à l’époque de la RDA se trouvait sur le même piédestal un tank russe dont le canon était dirigé en direction de Berlin Ouest. Ce « Panzerdenkmal » (mémorial du tank) était l’un des nombreux symboles de la victoire soviétique. Quand leurs armées ont quitté Berlin en 1992, les Russes ont emporté le tank avec eux. Début 1993 l’artiste berlinois Eckhart Haisch a installé à la place cette souffleuse à neige qu’il a peinte en rose. C’est aussi cette couleur qu’un artiste tchèque avait choisi en 1991 pour repeindre un tank érigé en mémorial à Prague.

Souffleuse à neige rose

ancien mémorial du tank

Nous continuons notre balade en vélo à travers la forêt. La route devenant parfois sableuse c’est un peu laborieux. Tout au long du chemin se succèdent les stèles commémoratives présentant l’histoire de ceux qui sont morts en voulant traverser le mur de Berlin et s’enfuir de RDA. Nous arrivons finalement aux bords de Griebnitzsee, ville coupée en deux par le mur de Berlin. La gare de Griebnitzsee existe depuis 1874 et fut reconstruite en 1930 dans une architecture typique de l’époque. Elle se trouvait dans le secteur Est. Quand le mur de Berlin est érigé la station devient une station fantôme, le trafic ferroviaire entre Berlin Ouest en la RDA étant devenu impossible. Aujourd’hui, non loin de la gare on trouve un morceau du mur de Berlin posté sur les bords du lac de Griebnitz.

Griebnitzsee le long de l'ancien mur de Berlin

Nous voulons longer l’étendue d’eau mais malheureusement la plupart des rives sont privées et appartiennent aux chanceux habitants des bords du lac. On voit d’ailleurs plusieurs panneaux réclamant la mise en place d’un chemin public le long du lac afin que tout le monde puisse en profiter mais il semble que la plupart des propriétaires restent insensibles à ces réclamations.

Nous traversons de magnifiques quartiers bourgeois. Les villas rivalisent de taille et de détails ornementaux au goût parfois discutable. C’est ici que doivent habiter les grandes fortunes de la région, peut-être même des stars allemandes ? Mais comme nous ne sommes pas au point là-dessus nous n’en reconnaissons aucune.

A proximité se trouve Steinstücken, une ancienne enclave de Berlin Ouest qui était située dans le territoire de la RDA. Le village fut un temps ravitaillé par les hélicoptères puis une route bordée par le mur de Berlin permit aux habitants de rallier leur village au reste de Berlin Ouest. Nous longeons le village de Klein Glienicke qui était lui une enclave de la RDA sur le territoire de Berlin Ouest, seulement rattaché à l’Allemagne de l’Est par un pont.
En parlant de pont, nous arrivons maintenant à côté du plus célèbre d’entre eux, le Glienicker Brücke. Ce Checkpoint fut surnommé le pont des espions car c’est là que s’opérèrent plusieurs échanges d’espions capturés entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique. C’est aussi l’un des premiers points de contrôle à ouvrir lors de la chute du mur.
Nous suivons ensuite un chemin que j’ai souvent parcouru et qui relie Babelsberg à Wannsee. Abritées sous les arbres de la forêt nous longeons les eaux bleues de la Havel et passons à proximité de plusieurs châteaux et de Biergarten. Vous trouverez plus de détails au sujet de cette étape dans cet article.

Plutôt que de longer les rives de la Havel jusqu’au S-Bahn Wannsee, nous empruntons une route à travers la forêt. La douce montée dure plusieurs longues minutes mais nous sommes ensuite récompensées par une grande descente qui nous mène jusqu’à la grande route Königstrasse, direction le S-Bahn Wannsee. De là, des bateaux de la BVG font la navette (toutes les heures) jusqu’au village de Alt Kladow. Nous avons de la chance, nous arrivons au moment de l’embarquement. Il suffit d’un simple ticket AB (et des tickets pour nos vélos) pour effectuer l’agréable traversée de 20 minutes.

Passage en vélo du lac de Wannsee

Je suis déjà allée plusieurs fois à Alt-Kladow. J’ai l’impression que c’est un village balnéaire perdu au milieu de la forêt, le lieu idéal pour déconnecter de Berlin, se sentir loin et dépaysé. C’est ici que nous déjeunons d’une bonne boulette.

Nous repartons en direction du Sacrower See, réputé comme l’un des plus beaux lacs de Berlin. Il est difficile à approcher, enfoui sous la masse végétale de la forêt. Nous décidons de laisser les vélos sur le chemin principal et marchons jusqu’à une petite plage où plusieurs familles profitent du soleil et du lac, effectivement très agréable.
Mais nous n’avons pas nos maillots de bain et une longue route nous attend. Une route d’autant plus longue que nous nous perdons après avoir longé un autre lac, le Gross Glienicker See.

lac Sacrower See

plage de Sacrower See

Les panneaux nous indiquent qu’il faut suivre la Potsdamer Chaussee, un axe particulièrement emprunté par les camions et sans piste pour les cyclistes ! Pour éviter de nous faire tuer dans notre quête d’histoire, nous prenons un sentier dans la forêt. Au milieu de nulle part nous tombons sur un lotissement en construction, un « Waldsiedlung ». Au milieu des gentilles petites maisons familiales se trouvent de lugubres bâtiments en brique. Nous sommes en fait sur le terrain d’une ancienne caserne de RDA. Nous demandons notre chemin pour retrouver l’ancien mur de Berlin à des femmes avachies devant l’un des édifices anciens qui est, selon elles, un espace de spectacle. Elles nous disent que nous devons refaire le chemin inverse pour rejoindre la Potsdamer Chaussee. Cela ne va pas résoudre notre problème de circulation sur cette voie… Plus loin dans le lotissement nous redemandons de l’aide à une habitante qui nous indique un raccourci à travers la forêt. Suite à quelques recherches effectuées sur cette étrange zone résidentielle, j’ai lu que le Land de Brandenburg y prévoyait d’utiliser les anciens bâtiments de la caserne comme logements pour les réfugiés. Au grand désarroi des habitants et des promoteurs immobiliers qui craignent pour la sérénité de leur lotissement et dénonce aussi le fait qu’il est situé au milieu de nulle part, sans commerce, donc pas très pratique si l’on n’est pas équipé d’une voiture.

ancienne caserne de RDA

Paysage le long de l'ancien mur de Berlin

Nous rejoignons de nouveau la Potsdamer Chaussee mais à cette intersection se trouve de nouveau une piste cyclable qui zigzague le long de la voie routière. Elle nous emmène loin du vacarme de la route, le long des champs blonds. Sentant poindre la fatigue nous décidons d’abandonner le chemin du mur pour rejoindre la station la plus proche. Ce devait être le S-Bahn Spandau mais nos coups de pédale nous ont emmenées encore plus loin, à la station Pichelsberg. Manque de chance nous manquons à quelques secondes près le train et nous devons attendre 20 minutes le suivant. Nous décidons de nous désaltérer au bar biergarten typique en face de la gare. Si vous souhaitez une plongée dans l’Allemagne profonde, une authenticité à toute épreuve et un accueil des plus désagréables, nous ne pouvons que vous le recommander !

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